On a tendance à voir l’avenir technologique de l’Europe comme sombre, parfois à juste titre… Même si l’Europe est un marché commun, les divergences culturelles, linguistiques ou même en lien avec la stratégie commerciale entre les 27 Etats membres de l’UE empêchent les pays du vieux continent d’avancer ensemble dans le secteur des nouvelles technologies.
L’exemple des groupes télécoms européens est révélateur du climat général en Europe. Le vieux continent dénombre 140 opérateurs contre 3 en Chine et 4 aux Etats-Unis. Cette structure atomisée n’est pas avantageuse : contrairement aux concurrents du reste du monde, les opérateurs européens connaissent une faible croissance depuis 5 ans et un CA en moyenne 9 fois plus faible que leurs rivaux asiatiques. La première explication reste (comme souvent en Europe) le manque d’innovation et d’investissement. Aux Etats Unis, l’innovation représente 15% du CA des opérateurs contre 10 % en Europe. Les américains, qui étaient en retard sur le développement de la 3G, sont aujourd’hui en avance sur la nouvelle génération 4G grâce à ces dépenses… Bruxelles, consciente de ce retard a d’ailleurs averti les opérateurs européens et a menacé de sanctionner les groupes qui ne se mettent pas à la page.
A l’exemple des opérateurs téléphoniques, l’Europe s’impose comme une « grande puissance moyenne » en matière de nouvelles technologies.
La réalité augmentée : un nouveau souffle d’optimisme
Cependant, une lueur d’espoir demeure grâce à l’avènement de la réalité augmentée qui consiste en combiner des informations virtuelles avec la réalité. Fait rarissime, les entreprises expertes dans cette technologie sont européennes !!! L’application iPhone Métro a déjà tenté l’expérience de cette technologie mais sans grand succès. On est aujourd’hui très loin d’avoir exploité le potentiel révolutionnaire de la réalité augmentée pour les smartphones. Le nombre de domaines à exploiter est très large : e-commerce, architecture, éducation, presse, loisirs etc. La Start-up française Augment sort du lot en proposant d’insérer des objets virtuels dans le monde réel grâce à un capteur photo. Jean-François Chianetta (),le fondateur, a montré l’exemple en levant 200 000 euros pour cette technologie.
Ce type d’application prouve le potentiel technologique de nos Start up. Reste à nos entrepreneurs de dénicher les idées révolutionnaires pour ne pas rater le coche et laisser les Etats Unis ou l’Asie prendre les devants. L’encyclopédiste d’Alembert ne pensait pas si bien dire quand il déclarait : « Il faut oser faire ».
En France, l’application Kizuna tag permet, à partir de son IPhone, de visualiser des informations concernant un bien immobilier en pointant son téléphone vers le bâtiment au détour d’une rue, ou encore d’obtenir les dates, les tarifs, les places disponibles pour un concert en pointant l’IPhone sur l’affiche murale…
En Allemagne, l’entreprise Metaio conçoit des applications en lien avec la réalité augmentée. Sa première création date de 2005 ! Elle permet aux utilisateurs de placer des meubles virtuels dans une image.
Une nouvelle dimension européenne ?
Plus que jamais, l’Europe a besoin de crédibilité face aux concurrents américains et asiatiques. Développer et s’imposer comme le leader de la réalité augmentée c’est prendre un temps d’avance car si nous ne prenons pas les choses en main, d’autres le feront à notre place… Ce n’est pas un hasard si Gartner Inc., entreprise américaine de conseil et de recherche dans le domaine des techniques avancées, a classé la réalité augmentée comme une des 10 technologies stratégiques de notre temps.
Vous l’aurez compris, l’outil indispensable pour développer cette technologie est le smartphone. Or cela tombe bien, les cinq plus gros pays européens réunissent 104,4 millions d’utilisateurs de smartphones. C’est plus qu’aux Etats-Unis où l’on en dénombre 97,8 millions. Même si cet écart a tendance à se réduire l’Europe a encore le plus gros marché potentiel !
Ainsi nous pouvons d’ores et déjà être fiers de nos start-up européennes mais n’ayons pas peur de voir grand et profitons un peu du vent que nous avons dans le dos.